Soir d'automne

Publié le par MiJak

 

L’automne me parle déjà. À la fenêtre
sombre j’écoute dans le silence mes pensées
fléchir sous le vent d’ouest
qui ruisselle sur les feuilles de mes arbres
noires présences seules vivantes dans la nuit. (Sandro Penna)

 

 

Un soir d'automne pas tout à fait comme les autres...

J'écoute dans le silence mes pensées qui volent et tourbillonent, comme les feuilles arrachées aux branches des arbres par le vent.

Elles me conduisent auprès de Nicole qui a enfin retrouvé le chemin de sa maison après avoir traversé la longue solitude d'une chambre d'hôpital...

Elles accompagnent Gilbert dont le souffle s'est éteint ce matin et qui est parti ce soir de sa maison pour entreprendre son voyage vers l'autre rive...

 

Le vent qui les porte : le souffle ardent des poèmes de Sandro Penna...

 

 

 

champs 2 soleil septembre

 

Le soleil de septembre dore les champs

des ouvriers. Est déjà loin le temps

où vaincus au grand soleil les corps nus

troublaient mon coeur. Maintenant, désert

brille le fleuve. L'homme est à nouveau

debout. Je ris à plus heureux amour.

 

 

 

Il n'y a plus cette grâce fulminante

mais le souffle de quelque chose qui viendra.

 

 

 

 

Un autre monde s'entrouvre : un rêve

mon enfant bienheureuse sous le soleil

inchangé (oh les enfants                  

antiques et dorés). Un léger rêve

la vie...

Souviens-toi de moi dieu de l'amour.


 

Sandro PENNA, extraits de :Une ardente solitude, La différence, Paris 1989

 

 

 

Revient une pensée d'amour

dans le coeur las, comme

au crépuscule d'hiver

l'enfant face au soleil

revient à la maison.

 

 

 

Traverser un village..., et là voir

de calmes enfants    s'éveiller à un souffle

de musique et danser. S'éloigne

leur forme ou  leur couleur : un songe. Vivante reste

la douce persuasion d'une trame

serrée d'amour qui inquiète le monde.

 

 

 

Sandro PENNA, extraits de :Croix et délices, Phalène 1987.

 

 


sandro_penna_01.jpgSandro Penna est né le 12 juin 1906 à Pérouse et mort à Rome le 20 janvier 1977. Entre ces deux dates, peu de choses en vérité : une vie d'expédients, marquée par la solitude et la pauvreté. Il est mort dans un dénuement extrême dans ce paysage intérieur qu'il s'était construit au mileu de montagnes de papiers, de livres, de dessins, de tableaux... "Sandro Penna aura passé son existence à transparaître, ni négligé, ni méconnu, juste inaperçu.". Marqué le plus souvent par la forme brève, chacun de ses poèmes est "un coup de foudre prolongé, une durée de l'instant".

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