Mijak : journal de route imaginaire au pays du réel

Nous sommes un couple dit "mixte". La pluralité de nos origines nous rend sensibles à l'immense richesse des cultures, à l'extraordinaire diversité des imaginaires des peuples.  Ce blog est né d'une envie : partager notre regard sur le monde, les évènements, les hommes et femmes de notre temps, à l'aune de la diversité. Partager surtout nos tentatives d'en embrasser la complexité insaisissable et tous ces petits riens qui donnent saveur à l'existence quotidienne.

Mijak : ce nom n'a rien à voir avec l'un des derniers romans de Karen Miller ("Empress of Mijak"). Forgé par la réunion de deux syllabes de nos prénoms, il pointe la diversité de nos origines (franco-caribéenne); et l'orthographe "créole" s'est donc tout naturellement imposée.
Derrière ce nom ne se cache donc rien d'autre que ceci : le "Divers" choisi en prisme de notre vision, en émotion de contacts, en exigence aussi, selon les mots de Patrick Chamoiseau.
Mijak : Un nom qui consonne avec celui d'un piment particulièrement apprécié aux Antilles (Bondamanjak). Le Divers, n'est-ce pas là ce qui donne goût à la vie humaine ?
De Segalen : l'existence, intensité goûtée de différence et de divers... (Chamoiseau, Sentimenthèque dans "Ecrire en pays dominé", Folio, p. 228)

Journal de route imaginaire au pays du réel. Le clin d'oeil  à Segalen n'aura pas échappé à ceux qui connaissent son "Equipée", ouvrage publié après sa mort  et sous-titré "Voyage au pays du réel". Un ouvrage sous-tendu par cette interrogation : l'imaginaire déchoît-il ou se renforce quand il se confronte au réel ? Un blog pour rendre compte de ces centaines de chocs quotidiens entre le Réel et l'Imaginaire, entre le monde rêvé et le monde vécu. Chocs dont la musique nous laisse tantôt émerveillés, tantôt déconcertés, parfois désabusés.

Blog fourre-tout ? Oui au sens d'un carnet de voyage où l'on glisse des notes fugitives, des descriptions plus circonstanciées, des croquis, des tickets de transports en commun ou des billets d'entrée de musées... On y trouvera donc un peu de tout : impressions de lectures, bribes de réflexion, fragments de pensées, bouts de portraits, citations,  choses vues ou entendues (images, musique, art, etc...), etc.. toujours avec le souci de traquer l'inatteignable diversité du monde, de guetter tout ce qui peut nous aider à devenir dégustateurs d'altérités, guetteurs d'un imaginaire autre, d'une pensée insoucieuse des systêmes; bref, tout ce qui peut nourrir en nous l'envie de surprendre "l'intraitable beauté du monde".

Blog "exotique" ? Oui , mais au sens de Segalen. L'exotisme dépouillé de toutes les saugrenuités accumulées par des siècles de colonialisme. "Exotisme; qu'il soit bien entendu que je n'entends par là qu'une chose, mais immense : le sentiment que nous avons du divers." (Essai sur l'exotisme, Livre de Poche, Biblio essais, p. 75)

Blog de "résistance" ? Oui, dans la mesure où , face à un système qui nous condamne à l'homogénéité, il est urgent de penser la Relation à l'Autre, de goûter le Divers et d'en éclairer la beauté. Grâce au Net, accrocher notre petit maillon aux autres pour tisser ensemble un puissant "lyannaj" contre la stérilisation des imaginaires, apporter notre pierre à l'immense mouvement de créolisation des cultures que l'Internet permet et inaugure.

En restant conscient de ce qu'il peut y avoir de prétentieux, d'illusoire, voire de suspect dans une telle entreprise ! Et d'autant plus modestes que nous sommes totalement néophytes dans le métier de blogueur...

On l'aura compris, les lignes qui précèdent laissent entrevoir combien nous sommes redevables à la lecture de l'oeuvre de Patrick Chamoiseau, marqueur de paroles, guerrier de l'imaginaire... et à la pensée d' Edouard Glissant, poète du "Tout-monde".
Pour terminer, nous ne résistons pas au plaisir de citer un extrait de leur récente "adresse à Barack Obama" :

Il n'y a pas de beauté dans les mémoires solitaires, les fondamentalismes, les Histoires nationales sans partage, les épurations ethniques, la négation de l'autre, les expulsions d'émigrés, la certitude close. Pas plus de beauté dans l'essence raciale ou identitaire. Pas de beauté dans le capitalisme de production, dans les hystéries de la finance, les folies du marché et de l'hyperconsommation.
Le déficit en beauté est le signe d'une atteinte au vivant, un appel à résistance...
René Char : "Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté."
Aimé Césaire : "La justice écoute aux portes de la beauté !"
(L'intraitable beauté du monde, Galaade, p.28-29)

Mi et Jak



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